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| Sujet: L'eau, la science, la poésie et la magie Mer 2 Aoû - 2:29 | |
| a variante liquide revient à une exaltation de la force en tant que science, poésie et magie, ces trois notions étant plus ou moins synonymes ici. Elle est assumée, bien entendu, par le couple Ægir et Ran, son épouse, qui règnent proprement sur les eaux, mais la place majeure revient, ici, à O∂inn dont l'étrange figure ne peut manquer de nous désarçonner. Son nom signifie furor – le sens latin est préférable à notre « fureur » ; il est cette frénésie qui peut s'emparer d'un homme dans une situation guerrière, sexuelle, magique ou poétique. C'est pourquoi il défie nos catégories : dieu laid, fourbe, cruel, misogyne, sa lance magique ne manque jamais son but tandis que son cheval à huit jambes, Sleipnir, figure la rapidité de son esprit. Il règne sur les morts que sont les einherjar ou guerriers d'élite que choisissent, sur ses ordres, les valkyries afin d'aller peupler sa Valhöll – la Walhalla germanique – où ils s'entraînent en vue des Ragnarök. Il est aussi dieu des scaldes ou de l'inspiration poétique, tout simplement. Il est, à ce titre, vitr, savant, certes, mais surtout fro∂r : sa science est en quelque sorte contagieuse, voire pédagogique. Le géant Mimir – la mémoire – le conseille, tout comme les deux corbeaux qui perchent sur ses épaules – Huginn, la pensée et Munninn, la mémoire – le renseignent sans cesse sur les nouvelles du monde. Il est le maître des opérations cultuelles magiques noires comme le sej∂r, un sacrifice divinatoire, et le ni∂, un rite diffamatoire. Dieu-chamane, sans aucun doute, dieu des pendus, ou hangagu∂, qu'il sait faire parler, dieu avant tout de la magie, noire notamment. Ce n'est qu'en dernier ressort qu'il préside à la guerre, ce qui, malgré quelques réserves, le distinguerait de ses équivalents germanique continental dont la figure est Wotan, et anglo-saxon avec Woden. Encore n'est-ce pas sous forme brutale ou réellement martiale : c'est un stratège avant tout, il est Sigtyr, le dieu de la victoire qu'il s'entend à obtenir de toutes les façons, sans aucune délicatesse : le furor qu'il sait communiquer à ses créatures ou berserkir – guerriers-fauves – n'est pas de nature « militaire », mais bien magique. On ne tiendra pas grand compte ici de son dernier avatar qui est de faire de lui l'Alfö∂r, le père universel : le calque chrétien est trop clair. En fait, il est la science, l'intelligence ésotérique, le carmen. Nous lui avons fait une place plus élaborée qu'à ses congénères parce qu'il paraît incarner le mieux le dieu des Vikings, comme lui plus intelligents que brutes salaces. Il nous paraît parfaitement représentatif d'une culture ou d'une civilisation qui préféraient l'intelligence à la force et le savoir à la violence – en dépit de toutes les idées reçues. Donner |
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