L'axe horizontal, ou synchronique pour demeurer dans le même type de références, est beaucoup plus fructueux. Il part d'une constatation simple : plus qu'ailleurs peut-être, le Nord aura pratiqué un culte vivant des grandes forces naturelles.
Soit le soleil – la Soleil serait mieux dire puisque ce vocable est féminin dans ces langues –, toujours bienfaisant et bienvenu sous ces latitudes. Le petit chariot de Trundholm (Danemark), datant de l'âge du bronze, où un cheval de bronze tire un chariot portant un disque solaire disposé à la verticale, est un témoin éloquent. Un jour, les Havamal (dans l'Edda poétique) diront : « C'est le feu qui est le meilleur/Pour les fils des hommes/Ainsi que le spectacle du soleil ». Et Sol figurera au panthéon, certainement en qualité de dernier avatar de la Grande Déesse du Nord, ou Déesse Mère que cette religion, comme toutes les autres, a connue. Puis viendrait l'air ou le ciel que figurent de petits bonshommes ailés, dans les pétroglyphes, et qui justifie le rôle important que tient l'élément ailé, avec les valkyries ou ce dieu qui s'appelle Loptr, soit Air. L'élément liquide assume un rôle évident en ces pays vivant en constante symbiose avec l'eau sous toutes ses formes, mer, lacs, rivières, neige, glace, marécages : le culte des sources ou des puits, les bourbiers sacrificiels ou keldur sont bien attestés. Le dieu Ægir porte un nom philologique équivalent à grec Okeanos. Reste la terre dont l'importance va de soi. Elle nourrit ces landvættir ou esprits tutélaires chthoniens, elle porte les arbres, tels Yggdrasill ou Irminsul, auxquels nous savons que les Germains vouaient un culte, et elle est personnifiée sous les espèces de la déesse Jör∂, la Terre. Ces principes ayant été posés, nous allons reprendre cette double grille en l'appliquant précisément à la religion nordique.
Fréya