De tous les poèmes dits eddiques, Hávamál est un des plus connus. Les Eddas représentent pour la culture scandinave se que les Vedas sont pour l’Inde ou les poèmes homériques pour les Grecs : une source d’inspiration et d’émerveillement qui s’est transmis de génération en génération.
Dans Hávamál, le dieu Odin, le plus grand dieu de la mythologie scandinave, conseille les mortels sur la conduite à suivre ou sur les moyens de mener une vie prospère et digne d’admiration.
Les Eddas présentés ont donc la particularité d’être d’ordre didactique.Ces préceptes étaient le viatique des Vikings, ces grand navigateurs qui terrorisèrent l’Europe vers le IXe siècle. Ils constituent donc « La Sagesse du Nord ».
CHAPITRE PREMIER
Avis aux convives
En franchissant
d’une maison le seuil
observe avec soin toutes les issues.
Nul ne sait
sur quel banc
se tapissent ses ennemis.
Comment placer un invité
Hôte d’un festin !
Voici ton invité.
Où doit-il s’asseoir ?
Cherchant à mesurer son rang,
il s’emportera
s’il est mal placé.
Hospitalité
Le nouveau venu
aux genous transis
a besoin de feu.
De pitance et de lin blanc
a besoin le voyageur
qui a franchi les montagnes.
Politesse
Qui rejoint le festin
a besoin d’eau,
de hardes sèches, de chaleur
et de courtoisie ;
et qu’on écoute
ses paroles quand il parle.
Connaître le monde
Le voyageur lointain
de bon sens a besoin.
Tout chez soi est aisé.
Celui qui en est privé
deviendra la risée
des gens avertis qui l’entourent.
Présent à un festin
Nul ne devrait
se vanter de son esprit
mais parler d’or.
avec prudence
et raison
on retrouve son jardin.
Ami plus accompli
jamais ne trouveras
qu’un grand bon sens.
CHAPITRE DEUXIEME
Acquérir la sagesse
L'invité prudent
qui vient au festin
n'ouvre guère la bouche.
Les oreilles aux aguets
les yeux grands ouverts
ainsi s'acquiert la sagesse.
Indépendance
Bienheureux est celui
qui jouit de bienveillance
a bonne renommée et réputation.
Devoir dépendre
du sentiment d'autrui
est bien plus malaisé.
L'opinion des autres
Bienheureux est celui
qui de soi-même reçoit
louange et bon sens.
Car recommandation
venant d'autrui
n'est souvent que mauvais conseil.
Sagesse
Le meilleur fardeau
à porter en chemin
est un grand bon sens.
Supérieur aux richesses
en terre inconnue
il est le havre des démunis.
Vigilance
Le meilleur fardeau
à porter en chemin
est un grand bon sens.
Il n'en est de pire
à porter avec soi
que de boire trop de bière.
Libations
La cervoise n'a pas
tous les talents
que les hommes lui prêtent.
S'il boit d'avantage
l'homme ne maîtrise plus
son tempérament.
CHAPITRE TROISIEME
Responsabilité
Discret et réfléchi
doit être un fils de roi,
et vaillant au combat.
Tout homme devrait
être joyeux et gai
jusqu'à son dernier souffle.
Etre dupe de soi-même
Seul l'insensé
s'il évite la bataille
croit que toujours vivra.
Mais la vieillesse
le privera du répit
que les lances lui accordent.
Mauvaises manières
L'imbécile en visite
devise à tous vents
ou se tait comme une tombe.
Mais que sa coupe soit pleine
il dévoile sans crier gare
ce qu'il a sur le cour.
Expérience
Qui en tous lieux s'oriente
pour avoir beaucoup voyagé
celui-là seul connaît
dans quel état d'esprit
sont ceux qu'il rencontre.
Celui qui sait maîtrise.
Bonnes manières
Que la coupe passe de main
en main
mais que l'on boive avec mesure
on peut se taire ou bien parler.
Mais tu ne verras personne
pour t'accuser d'inconvenance
si tu vas tôt te coucher.
Contrôle de soi
Un homme insatiable
se bâfrera à rendre l'âme
s'il ne veille au grain.
Souvent on se gausse
parmi gens de bon sens
à la vue de sa panse.